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L’honneur perdu de Wade (chronique des Libéraux insoumis)

Par le COMITE DES LIBERAUX INSOUMIS

« A travers cette chronique en plusieurs jets, nous faisons l’effort de régler les comptes avec notre propre conscience. Wade ne sait pas qu’il est un homme du passé. Alors, nous avons estimé nécessaire de lui rappeler son passé ».

Dakar, 25 novembre 2017

Amadou Hampathé Bâ est un homme des bonnes formules: "En Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle". Il a oublié d'ajouter que certains vieillards sont des pyromanes qui ne se contentent pas de provoquer l’incendie pour réduire en cendres leur propre sagesse. Ils mettent le feu partout.

L'ancien Président de la République, Monsieur Wade., n'a pas tort de faire cet aveu capital au crépuscule de sa vie : « J’ai commis beaucoup de péchés », rapporte le quotidien L’As du vendredi 17 novembre 2017, page 3.

Oui, des péchés, vous en avez commis, Monsieur Wade.

Nous vous rappelons, actualité oblige, une page très douloureuse pour l’Afrique. Car il s’agit d’une tragédie dont un des épisodes a été signé par vous, en toute cruauté et en tout cynisme. La Libye est, aujourd’hui, au centre des actualités. Non pas seulement que ce pays jadis stable ait été cassé et éparpillé avec votre complicité, mais aussi et surtout parce que, du fait d’une situation chaotique, des bandes de barbares se livrent à un ignoble trafic d’êtres humains, notamment de jeunes subsahariens. L’histoire est toute récente.

Jeudi, 9 juin 2011. Tripoli est sous les bombes. A Benghazi, les insurgés avaient fini de mettre en place le Comité national de transition avec l’aide de puissances occidentales.

A bord de l’avion, vous êtes escorté par deux Mirage français. Spécialiste des coups fourrés, vous êtes bien un singulier « envoyé spécial ». Au fond, vous n’étiez qu’un serviteur zélé d’une cause qui n’était nullement celle du Sénégal et de l’Afrique.

Sous la dictée de vos commanditaires, vous trahissez proprement votre «ami» Kadhafi que vous appelez à quitter le pouvoir. Vous veniez ainsi de donner une caution « africaine » à ce qui allait être le début de la tragédie du peuple libyen.

Et vous osez parler aujourd’hui de « complot de l’occident » contre vous après avoir joué cet ignoble rôle dans cette descente aux enfers de tout un pays qui est devenu un vaste champ de ruines et de décombres. Votre responsabilité est entière.

Le peuple libyen est dans la désolation du fait d’une logique d’intérêt qui, de surcroit, veut imposer aux peuples une volonté extérieure. Comme si les peuples n’étaient pas responsables de leur destin.

La conséquence de cette expédition désastreuse est là : dislocation de la Libye et disparition de l’État libyen, naissance de zones de non droit, repli de groupes terroristes dans la jungle libyenne, déstabilisation du Mali et état de guerre permanent dans le nord, essor des attentats terroristes en Afrique de l’Ouest avec tous ces morts au Nigeria, en Côte d’ivoire, au Mali, au Burkina Faso.

Oui, vous avez commis trop de péchés. Et vous méritez bien de figurer auprès des auteurs de ces crimes de guerre devant un tribunal, qu’il soit celui des Nations ou des peuples, qu’il soit celui des hommes ou de Dieu.

Votre histoire, en effet, est jalonnée de dossiers obscurs. Vous avez mis trop de familles dans un deuil qui n'en finit pas.

Opposant, vous avez été cité dans la sombre "affaire Me Sèye" comme commanditaire ayant froidement poussé de jeunes gens à mettre fin à la vie de Maître BabacarSèye, le Vice-Président du Conseil Constitutionnel. L'histoire retiendra, pour toujours, que le 15 mai 1993, toute une famille a été plongée dans la désolation, la souffrance, la douleur inconsolable.

Dans le deuil encore plus tragique que personne ne voyait venir le coup sordide préparé lâchement dans le secret des obsessions pour le pouvoir, l'argent et les honneurs. L'histoire retiendra, pour toujours, que l'assassinat de MaîtreBabacarSèye, est une agression contre les institutions, contre l'Etat, contre la Nation, contre le peuple sénégalais.

En, vous-même avez agressé la mémoire du juge constitutionnel. D’abord en libérant les assassins et en faisant voter une loi d’amnistie pour tous ceux qui étaient impliqués dans cette sordide affaire.

Nous demandons solennellement à l’État du Sénégal de rouvrir ce dossier. La procédure doit être reprise sur la base d'une enquête sans complaisance.

Dans l’histoire de tous les pays, il arrive des moments durant lesquels le passé est revisité pour jeter la lumière sur des événements obscurs, rétablir la vérité et réparer les injustices.

C’est ainsi qu’une Nation fait face aux démons d’une mémoire agressée, traumatisée et reconquiert sa conscience historique éclairée.

C’est ainsi qu’une Nation panse ses blessures, conclut son deuil et dépoussière les chemins de l’avenir.

C’est ainsi qu’une Nation renouvelle et rafraichit son unité et sauvegarde sa dignité. Pour la paix de nos consciences et la tranquillité de nos âmes. Tous les présumées coupables doivent défiler. Le procès doit être exemplaire cargarantissant les droits de toutes les parties. Dans le respect de l’État de droit, ceux qui seront reconnus coupables devront répondre de leurs actes, commanditaires comme exécutants.

Oui, vous avez raison, Monsieur Wade , vous avez trop péché!

Et votre aveu, qui est une tentative de vous débarrasser des ombres de ce passé funeste, ne fera jamais oublier à vos compatriotes qu'entre 2011 et 2012, plus de dix-sept jeunes sénégalais sont morts lors des manifestations démocratiques contre votre projet dynastique et vos velléités spoliatrices.

Vous n'aviez alors éprouvé aucun remord encore moins un regret quelconque. Vous aviez d'ailleurs dit, insigne preuve de cynisme, que ces manifestations et leurs morts ne sont qu'une "petite brise". Vous crachiez alors sur la mémoire des morts de Sangalkam, de Mbaan, de Podor, de Fanaye et de Dakar.

Oui, vous avez commis trop de péchés.

Votre boulimie foncière et l’appétit du gain au cœur de votre projet politique, le goût de l’argent et de l’ostentation vous ont conduit à dépouiller des communautés entières de leurs terres.

Vous êtes le chef d’Etat spéculateur par excellence. Et lorsque ces communautés opposent légitimement la résistance à vos entreprises de spoliation, votre unique recours a été la force aveugle.

Vous aviez alors fait fi de nos valeurs de « diisoo », de négociation et de consensus. Il est vrai que lorsqu’il s’agit de vos intérêts et de ceux de votre famille, votre détermination à écraser toute résistance devient monstrueuse. Alors des Sénégalais qui n’avaient que leur terre sont morts parce qu’ils ont dit non à la spéculation foncière. Ils sont morts pour avoir crié leur colère qui s’est heurtée au mur ensanglanté de votre surdité.

L’intérêt mesquin rend sourd et aveugle. La force que vous avez utilisée injustement contre des innocents fut telle que notre démocratie sera chahutée dans le sang, les pleurs et les douleurs incommensurables.

Démocratie ? Jamais, dans notre pays, elle n’a été aussi sabotée, violée, piétinée. Jamais elle n’a été aussi agressée. Vous n’avez pas seulement considéré les institutions comme des jouets entre vos mains froides. Vous avez insulté celles et ceux qui les animaient en les assimilant à de vulgaires serviteurs et valets d’un autocrate insensible aux cris de son peuple. Simple polémique ? Non, des faits historiques.

Vous avez demandé à feu Mbaye Jacques Diop de démissionner de son poste de Président du Conseil de la République pour les Affaires économiques et sociales (Craes) bien avant la fin de son mandat. Lorsqu’il vous a opposé l’argument de la légalité institutionnelle qui prime forcément sur les considérations personnelles, vous avez encore usé de la force aveugle. En autocrate confirmé, vous avez pris un décret pour dissoudre l’institution. Comme quoi, on peut dire que vous êtes l’acteur sans talent, grossier et caricatural de cette proclamation sinistre : « l’État, c’est moi ».

Vous récidivez avec l’actuel Président de la République, alors Président de l’Assemblée nationale à qui vous demandiez de vous remettre sa démission de son poste. Contre la légitimité du titulaire et la légalité institutionnelle, vous avez mobilisé les députés de la majorité pour réduire le mandat du Président de l’Assemblée nationale de cinq à un an avec effet immédiat. Et pourquoi ? Vous aviez alors déclaré que MackySall avait commis une « erreur politique » en convoquant votre fils devant les députés pour s’expliquer sur sa gestion de l’Anoci.

Votre volonté contre la légalité institutionnelle fut alors exaucée. Et le Président de l’Assemblée nationale quitta toutes ses fonctions obtenues par le biais de votre parti. On sait ce qui en adviendra. Dieu n’est pas injuste. Il reconnaît les siens et sait bien distinguer les pécheurs des gens justes et dignes. MackySall vous bat à la présidentielle de 2012 avec un score de 65,8%. Cette réalité, vous ne l’avez jamais acceptée, c’est ce qui explique que vous continuez à pécher : la vanité est bien un péché.

Vos velléités autocratiques se révèleront au grand jour. Le 23 juin 2011, vous avez demandé à votre majorité de voter un texte de loi inique pour garantie à votre clan qui se résume à vous et votre propre famille l’étendard d’une longue saga familiale. Impopulaire, vous saviez que les Sénégalais allaient vous rejeter en 2012. Alors vous aviez demandé honteusement que l’élection au premier tour soit consacrée par 25% au moins des votants.

Debout et déterminé, le peuple sénégalais vous oppose un non sans appel. Les autocrates, en vérité, sont très peu courageux. Ce sont des tigres en papier qui ne peuvent résister un seul petit instant à l’assaut des forces vives. Vous aviez alors, toute honte bue, retiré le projet de loin le plus antidémocratique de l’histoire de notre pays.

Et le peuple se replia sereinement pour retrouver son quotidien. A sa place, vous auriez poussé le bouchon pour faire sauter les verrous et plonger notre peuple dans le malheur. Mais autant vous êtes un pécheur, autant Dieu est juste. Vos plans monstrueux n’aboutiront pas, malgré les centaines de milliards de notre bien commun distribués à de malins thuriféraires.

Votre aveu ne vous absout pas. Non pas que pécheur une fois, pécheur pour toujours. Mais aux crimes de sang, vous avez ajouté des crimes économiques et financiers. Jamais, dans notre histoire, un Chef d’État n’aura aussi pris des libertés avec les ressources du pays.

L’histoire retiendra que vous avez élevé un Monument dans les conditions les plus obscures. L’opacité érigée en règle, vous avez dilapidé les terres des Mamelles. Le Monument édifié, vous avez osé réclamer publiquement une prise de part pour vous-même à hauteur de 35% qu’une Fondation en votre nom gérerait.

Et nous y voilà : c’est la première fois, dans l’histoire des États, qu’un Chef d’État soit en relation d’affaires avec l’État qu’il incarne. Vous utilisez les ressources publiques, défiant toutes les règles de transparence et d’efficience, pour construire un monument, vous en revendiquez la propriété d’une partie que vous évaluez vous-mêmes à 35% !

S'approprier indûment les biens qui appartiennent à toute la communauté est un péché. Et vous avez péché doublement dans ce dossier du Monument de la renaissance : en spoliant la communauté de ses terres et en prétendant être détenteur de 35% des parts.

(A suivre)

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