Selon toute vraisemblance, les établissements scolaires du groupe scolaire Yavuz Selim S.A. ne fonctionneront pas cette année. L’Etat du Sénégal, à travers son ministère de l’Education Nationale, sous l’injonction du Pr Erdogan et dans la négation des principes élémentaires de droit (à la propriété privée, à une éducation de qualité…), a décidé de mettre fin aux activités pédagogiques de ce groupe. La montée au créneau d’associations, de personnalités politique ou de la société civile n’y fera rien. L’Etat tout-puissant (despote ?) a choisi son camp : la préservation des relations diplomatiques avec Ankara. Mais dans cette affaire où se trouvent l’intérêt des sénégalais ?
L’affaire Yavuz Selim mérite d’être posée en d’autres termes que ceux de l’hyper docilité du Pr Sall dans ses relations avec les diplomaties étrangères. D’ailleurs, en matière de zèle et de subordination, il est difficile de faire pire que notre cher président. Ainsi, il est difficile de croire que si les représentants légaux du groupe scolaire, ses administrateurs, les enseignants, les parents d’élèves et même des sénégalais lambda s’insurgent contre l’abscons décision de l’Etat du Sénégal, c’est le fait d’une sympathie particulière à l’endroit du fondateur du mouvement Gülen ou encore de l’adhésion à ses idées (qui viseraient à déstabiliser le régime turque).
A travers l’expression leur ressentiment, ces pauvres gens expriment le désarroi de milliers de sénégalais qui, n’ayant plus foi en l’école publique, ont décidé de confier l’avenir de leurs enfants à un groupe faisant partie des établissements scolaires d’excellence de notre pays. S’il faut véritablement parler d’intérêt supérieur de la Nation (argument des représentants de l’Etat), il faut réfléchir sur les moyens de préserver cette richesse qu’aucune puissante étrangère, quelle que soit l’étroitesse de nos relations avec elle, ne viendra construire à notre place : notre élite de demain.
Il est d’ailleurs singulier que le Président Turque s’attaque aux établissements scolaires de son rival idéologique. Monsieur Erdogan ne cherche certainement pas à affaiblir F. Gülen à travers sa puissance financière. Son dessein est tout autre et tout aussi puissant : saper le pouvoir de nuisance qui pourrait sortir de ces écoles implantées partout dans le monde. Il va sans dire que, dans cette partie du monde, l’on a saisi toute la portée d’un savoir utile dans des têtes bien faites. Au regard de ces enjeux, qu’en est-il donc de nos dirigeants sur les politiques éducatives dans nos pays ?
Il n’est pas nécessaire de faire ici le procès de notre système scolaire. Son visage actuel donne une claire idée des errances qui ont jalonné son parcours depuis les années 2000 (on pourrait même remonter aux indépendances). Entre laboratoire d’expériences cahoteuses et réceptacle des bonnes grâces étrangères, notre système a tout expérimenté sauf la construction d’un modèle sociétal de réussite de toutes les couches de la population.
L’affaire Yavuz Selim a drainé de l’attention car une certaine élite sociale y envoyait ses enfants. Pendant ce temps, dans les coins reculés du Sénégal, le personnel pédagogique manque de tout pour assurer le minimum en termes d’instruction. Ces deux images qui tranchent l’une de l’autre nous disent quelque chose de notre rapport à l’éducation, à la formation et à l’image que nous renvoyons à travers la gestion de notre système scolaire. Si des (contre)modèles pullulent dans les média, dans le sport-business ou dans la politique et font craindre le pire aux parents encore soucieux du devenir de leurs enfants, c’est parce que, entretemps, l’école a cessé d’être le filtre et l’incubateur de cette masse imparfaite qu’est la jeunesse où grouille toutes formes d’ambitions, de bonnes comme celles disgracieuses.
Nous ne pourrons être exonérés de la charge de réfléchir à la direction que nous voulons donner à notre pays. Assurer l’instruction et l’éducation des plus jeunes nous permet d’espérer valablement que, dans l’avenir, l’élite issue de nos écoles conduira notre pays vers les sommets auxquels prétendent toutes les nations libres et ambitieuses. Il faut pour cela s’assurer que les acteurs de l’éducation et les autorités publiques comprennent l’enjeu de maintenir un climat social et scolaire stable. Pour y arriver, un préalable s’impose : dans une dynamique endogène, réfléchir à un modèle social dont l’école se chargera d’être le véhicule. Dire cela, c’est refuser que l’école sénégalaise soit ballotée entre l’absence d’une vision éclairée de l’éducation et les intérêts immédiats des régimes en place (le nôtre comme ceux de l’étranger).
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